Comme je le dis souvent, j’ai eu différentes phases alimentaires dans ma petite vie.
Car même si j’adore manger, certains aliments me mettent en dissonance cognitive complète.
Et parmi ces aliments, il y a la viande et le poisson.
Soyons clairs, j’adore ça.
Mais j’ai aussi une conscience aiguë des enjeux écologiques qui sous-tendent l’élevage ou encore la pêche, comme des problématiques liées à la souffrance animale.
Et j’ai également conscience que, même si j’aime manger de la viande ou du poisson, ces aliments, contrairement aux idées reçues, ne sont pas du tout indispensables à notre vie et notre santé.
Depuis, donc, quelques années, j’ai progressivement végétalisé mon assiette.
Et même si je ne me dis à ce jour ni végétarien, ni vegan, j’apprécie vraiment la richesse de saveurs et de créativité qui se trouvent dans la cuisine végétale.
Prenons la manière dont nous composons une assiette en France : la plupart du temps, la viande ou le poisson sont au centre de l’assiette avec, en accompagnement, des légumes ou des féculents.
Et c’est parce que nous composons nos assiettes ainsi, depuis l’enfance (rappelez-vous du fameux “mange au moins ta viande” quand vous ne vouliez pas finir votre assiette !), que la plupart des personnes se trouvent démunies lorsqu’on décide de ne plus manger d’animaux.
Si on supprime la viande de son assiette, qu’allons-nous manger ?
Et bien en fait, plein de choses ! Et ce sera délicieux.
Il faut juste, comme d’ailleurs quand on décide d’avoir une vie plus frugale en général, renverser sa manière de voir les choses.
En fait, en supprimant la viande, on ne nous enlève rien : on ouvre de nouveaux espaces de créativité culinaire et donc plein de nouvelles saveurs, de nouvelles textures, à explorer.
Dans cet épisode, je ne vais pas chercher à vous convaincre.
Dans cet épisode, j’ai juste l’ambition de vous montrer que l’alimentation végétale est possible, et tout à fait viable même sur du long terme.
Faut-il encore manger de la viande et des produits d’origine animale ?
Selon moi, il existe trois bonnes raisons soit de réduire très fortement, soit de supprimer définitivement la viande de son alimentation.
La question de la souffrance animale
La toute première, c’est la question de la souffrance animale.
Nous avons tous à l’esprit les images prises dans les abattoirs par des associations comme L214, qui dénoncent les dérives d’une industrie agro-alimentaire qui n’a plus aucun respect pour le vivant.
Et malheureusement, ces images ne sont pas une exception : elles sont la généralité qui se cache derrière la majorité de la viande que vous trouvez sur les étals des grandes surfaces.
De même pour le poisson, puisque la surpêche industrielle génère elle aussi une souffrance inacceptable.
Bien entendu, il existe des éleveurs qui travaillent autrement.
Mais quel que soit le mode d’élevage, n’oublions pas que derrière notre “viande”, il y avait un être vivant, sensible, et qui comme nous aspirait à la vie.
Écologie et environnement
Le chiffre est tout simplement vertigineux, mais selon l’association Greenpeace, 75% des terres agricoles dans le monde sont utilisées pour l’élevage de bétail.
Alors que toute cette viande n’est réservée qu’à une minorité sur notre planète.
Ce qui est terrible, c’est l’impact que l’élevage a sur notre environnement :
- Déforestation
- Destruction de la biodiversité
- Pollution
Sans oublier que l’élevage est aujourd’hui responsable de 14,5% des émissions de gaz à effet de serre, soit autant que le secteur du transport.
À notre époque où ces sujets deviennent si essentiels, je suis convaincu qu’il est temps de bien prendre conscience de l’impact réel de ce que nous mangeons.
La viande est-elle bonne pour notre santé ?
Enfin, et c’est certainement une des idées préconçues les plus fortes chez la plupart des personnes, la viande n’est pas, mais vraiment pas du tout, indispensable pour notre santé.
D’ailleurs, avant que l’industrie agro-alimentaire nous fasse entrer dans la tête que nous avions besoin de viande ou de poisson à chaque repas, la viande était rare sur la table.
Aujourd’hui, nous sommes clairement dans l’excès inverse : nous surconsommons de la viande, et notamment de la viande rouge, alors que celle-ci a un impact fort sur notre santé :
- Obésité
- Diabète
- Maladies cardio-vasculaires
- Cancers
- Etc.
D’autant plus qu’une majorité de cette viande est consommée dans des contextes de malbouffe, ou dans des préparations industrielles remplies d’additifs qui eux aussi impactent notre santé.
L’alimentation végétale est-elle carencée ?
Cette question, appelle une réponse très claire : NON, l’alimentation végétale n’est absolument pas carencée. Au contraire, elle est parfaitement adaptée à notre organisme et à ses besoins.
Mais comme pour l’alimentation traditionnelle, tout dépend de la manière dont nous équilibrons nos assiettes.
Par exemple, une assiette de frites surgelées est 100% végétale. Pour autant, si vous mangez tous les jours uniquement des assiettes de frites, vous risquez rapidement d’avoir de très gros problèmes de santé.
Une assiette équilibrée 100% végétale contient : des féculents pour la moitié, un quart de légumes, et un quart de protéines végétales.
Et concernant ces protéines, je vais en reparler dans un instant, vous n’avez que l’embarras du choix.
La vitamine B12
Néanmoins, si vous décidez à un moment d’avoir uniquement une alimentation végétale, vous aurez besoin de vous supplémenter en vitamine B12 qu’on ne trouve que dans les produits d’origine animale.
Attention, ce n’est pas une preuve que l’alimentation végétale est carencée !
À l’origine, la vitamine B12 était présente dans l’eau, tout simplement. Sauf que les eaux aujourd’hui sont tellement polluées qu’on en trouve plus aucune trace.
Et les traitements que nous faisons subir à notre eau du robinet ne permettent pas de se supplémenter en B12.
En fait, toute la B12 que nous consommons vient des animaux pour la simple et bonne raison qu’ils sont eux-mêmes supplémentés par leurs éleveurs. Elle n’est donc absolument pas “naturelle”.
La question des protéines : trouve-t-on tout dans les végétaux ?
Revenons maintenant aux protéines. De quel type de protéines avons-nous vraiment besoin et les trouvons-nous facilement dans les végétaux ?
Focus sur les protéines végétales
En fait, tous les végétaux, sans exception, contiennent des protéines, même une simple salade verte. Sauf qu’ils n’en contiennent pas nécessairement dans des quantités importantes.
Certains aliments végétaux en contiennent par contre des quantités importantes, voire même plus importantes que dans la viande.
Néanmoins, il est important de comprendre que nous consommons, surtout dans nos pays riches et industrialisés, beaucoup trop de protéines, et que cet excès de protéines a lui aussi un impact sur la santé, notamment des risques de surcharge des reins conduisant à la constitution de calculs.
C’est pour cette raison qu’il n’est pas nécessaire de manger forcément beaucoup de protéines à chaque repas, et que dans une assiette équilibrée, leur part n’est que de un quart de l’assiette.
Les légumineuses
Mes protéines végétales préférées sont clairement les légumineuses : lentilles, pois-chiches, haricots secs, etc. Je les adore, d’autant plus qu’on peut les cuisiner de plein de manières différentes.
Si vous ne savez pas les faire cuire, vous pouvez les trouver très facilement en boîtes de conserve, et elles sont vraiment très économiques.
Si vous voulez vous lancer dans la cuisson de vos légumes secs, c’est très simple :
- Bien penser à les faire tremper la veille (sauf les lentilles qui peuvent être cuisinées telles quelles immédiatement).
- Pour les pois-chiches et les haricots, les faire cuire à l’eau additionnée de bicarbonate de soude : ils cuiront plus rapidement et seront vraiment digestes.
Le tofu
Autre protéine intéressante, qui a à tort mauvaise presse, c’est le tofu. Le tofu est un caillé de lait de soja, légumineuse particulièrement riche en protéines.
Si le tofu a mauvaise presse, c’est très clairement parce que celui qu’on trouve dans les supermarchés est de mauvaise qualité et qu’il fait apprendre à le cuisiner !
Personnellement, je détestais le tofu jusqu’à ce que j’en mange un délicieux dans un restaurant asiatique. Depuis, je ne peux plus m’en passer.
Pour le tofu nature, je l’achète uniquement en épicerie asiatique : c’est le seul endroit où je trouve un tofu de qualité satisfaisante.
Sinon, dans mon biocoop, je trouve toute une variété de tofus parfumés vraiment extras à manger aussi bien chauds que froids. Mon préféré, c’est le tofu lactofermenté à l’ail des ours : une tuerie absolue qui remplace parfaitement la féta dans les salades par exemple.
Le seitan
Enfin, je voulais vous parler du seitan, une autre protéine végétale que j’apprécie beaucoup, notamment pour sa texture qui rappelle la texture de la viande, ce qui peut être vraiment super pratique pour végétaliser certaines préparations.
Il s’agit de gluten qui a été cuit à la vapeur avec des épices et des aromates. Vous pouvez bien entendu l’acheter tout prêt : mon préféré qu’on trouve en magasin bio, c’est le seitan de la marque BERTYN. On le trouve aussi dans les magasins asiatique.
Pour le fabriquer vous-mêmes, vous avez deux solutions : vous pouvez soit le fabriquer à partir de farine de gluten que vous achèterez en magasin bio, soit laver vous-mêmes une pâte réalisée à partir de farine jusqu’à ce qu’il ne vous reste que le gluten.
C’est une protéine végétale si polyvalente qu’elle vous permettra de réaliser une quantité incroyable de plats. Attention néanmoins, le seitan ne doit pas être consommé par les personnes intolérantes au gluten.
Faut-il acheter des alternatives à la viande ?
À côté de ces protéines végétales naturelles, on trouve depuis quelques années de plus en plus d’alternatives à la viande sur le marché. Lardons, bacon, steaks, etc.
Trois problèmes :
- Le prix de ces alternatives qui est souvent prohibitif
- La présence d’additifs, de colorants, etc. qui n’ont rien à faire dans votre alimentation.
- Le suremballage
Personnellement, je n’en achète quasiment jamais.
Comment se lancer ? La logique des petits pas…
Comment se lancer dans l’alimentation végétale ? C’est très simple en fait, beaucoup plus simple qu’il n’y paraît. La seule chose importante, et qu’à mon avis vous devez garder à l’esprit en permanence, c’est le plaisir : celui de bien manger.
Faire le point sur ses motivations
Pour commencer, il est important d’être très clair avec vos motivations.
Est-ce que vous changez votre alimentation pour votre santé ? Pour économiser de l’argent ? Parce que vous voulez vous battre contre la souffrance animale ?
Quelle que soit votre motivation, c’est elle qui va donner du sens à ce changement alimentaire : un sens pour vous, tout d’abord, mais aussi un sens pour votre entourage, car vous constaterez vite que c’est ce qui est le plus difficile à gérer.
Des petits pas au quotidien
De même, je vous invite à faire de petits pas, chaque jour, plutôt qu’à vouloir tout changer du jour au lendemain.
Le plus important, si vous voulez vivre votre végétalisation sereinement, c’est de vous faire plaisir avant tout !
Et lorsque vous mangez de la viande, choisissez au moins de la viande de qualité !
Que faire quand on est invité ?
Mais vous verrez vite que le plus dur, ce n’est pas de gérer son alimentation : en fait, quand c’est bon, peu importe que votre plat contienne de la viande ou non.
Le plus compliqué, c’est les autres, tout simplement parce que la consommation de viande a la fâcheuse tendance à déchaîner des passions, voire des comportements chez les autres totalement irrationnels.
Le pire que j’ai vécu, à l’époque où je ne mangeais vraiment aucun produit d’origine animale, a été un anniversaire auquel j’avais été invité.
J’avais expliqué que je pouvais sans souci emmener mon propre repas, mais on m’avait affirmé que tout était sous contrôle.
Finalement, alors que tout le monde dégustait une magnifique paëlla, je me suis retrouvé avec un bol de graines et un sachet de quinoa nature à réchauffer au micro-ondes.
Autant vous dire que je suis parti…
Donc, quoiqu’il arrive, la meilleure chose à faire c’est d’anticiper ! Et pourquoi pas d’emmener un plat qui permettra aux autres de découvrir de nouvelles saveurs ?
Les erreurs à ne pas commettre quand on se lance dans l’alimentation végétale ?
Ces erreurs, je les ai toutes faites, je vous invite donc à être vigilants !
Chercher à “compenser” et manger trop !
Comme j’avais l’impression qu’il manquait quelque-chose dans mon assiette, je mangeais au final deux fois plus qu’auparavant ! Résultat, j’ai pris plus de 40 kilos alors que j’étais convaincu d’avoir une alimentation saine.
Manger végétal ne signifie pas ne pas avoir besoin de faire attention à ses quantités.
Le gras, le sucre et le sel
Corollaire de la première erreur : avoir une alimentation trop grasse, trop sucrée ou trop salée.
L’huile de coco, même si on vous dit que c’est super pour la santé, ça reste de l’huile ! Et un gâteau vegan reste un gâteau avant tout.
Ne pas équilibrer ses repas
De même, vous risquez au début de mal équilibrer vos repas : gardez bien à l’esprit la règle des quatre quarts pour équilibrer votre assiette :
- Deux quarts de céréales
- Un quart de légumes
- Un quart de protéines
Penser qu’on détient la vérité : les dangers du dogmatisme
Enfin, et c’est certainement le plus important, j’ai découvert avec le temps que chacun possédait sa propre vérité, et qu’il ne servait à rien de penser détenir LA vérité, mis à part vous mettre dans une situation qui risque de vous couper des autres.
Aujourd’hui, comme je l’ai dit au début de cet épisode, je ne définis plus mon alimentation. Il m’arrive de manger de la viande, et au quotidien, je m’efforce d’une seule chose : j’essaie de faire de mon mieux, un point c’est tout.