Je fais partie de ces personnes qu’on dit “radicales”.
Il y a quelques jours, d’ailleurs, j’écoutais une émission sur France Culture, une émission dans laquelle était invité un poète que j’aime énormément, Christian Bobin.
Une émission qui avait été enregistrée quelques semaines avant son décès.
Dans cette émission qui m’a profondément ému, une réponse m’a particulièrement touchée, une réponse à une personne qui était qualifiée, par le présentateur, de radicale.
À cette qualification, Christian Bobin a fait cette réponse selon moi très juste “Mais comme tous ceux qui vivent !”
Oui, je crois qu’en disant ça, Bobin touche au plus juste : quand on aime la vie, quand on jouit follement de vivre, on ne peut être que radical.
Et c’est parce que j’aime passionnément la vie, même si vivre est toujours pour moi quelque-chose de difficile, que je suis une personne radicale.
Et ma radicalité s’incarne particulièrement dans tout ce que j’entreprends.
Quand je commence quelque-chose, je le fais à fond, jusqu’au bout, et en me donnant les objectifs les plus dingues.
Pourquoi ?
Parce que c’est ça qui me permet d’avancer, qui me donne l’énergie de me surpasser.
Mais cette radicalité, si elle a toujours été pour moi un immense vecteur de transformation, je réalise avec le recul qu’elle m’a aussi empêché de pleinement m’épanouir dans ces activités dans lesquelles je décidais de m’investir.
Dans cet épisode, je vais essayer de vous montrer qu’on peut être radical sans chercher à brûler les étapes. Qu’on peut aussi se donner le temps, tout simplement. Celui d’avancer, celui de prendre conscience des changements qui se produisent en nous et autour de nous, celui de tout simplement prendre le temps de célébrer nos victoires, même les plus petites.
Bref, nous allons parler dans cet épisode de la méthode des petits pas, une méthode que j’ai appris, avec les années, à mettre en œuvre, et qui me permet de me sentir beaucoup plus heureux dans tout ce que je fais.
Et pour commencer, je vais vous donner un petit exemple…
Cet exemple, c’est celui de ma pratique sportive.
J’ai commencé à faire du sport, de la course à pied pour être exact, il y a 4 ans, donc à l’âge de 44 ans.
Avant, j’étais convaincu que le sport n’était pas fait pour moi, que j’en étais incapable. Je m’étais même inventé, parce que j’ai un état d’esprit retors, des pathologies pour me justifier à mes propres yeux de ne pas avoir d’activité sportive.
Des douleurs chroniques aux genoux, par exemple, mais qui n’avaient jamais été diagnostiquées : elles n’existaient que dans ma tête.
À 44 ans, donc, ne faisant pas de sport et ayant une activité très sédentaire, je me retrouve, comme beaucoup d’hommes à cet âge, en surpoid important.
Je pèse 120 kilos pour 1m70.
J’ai donc une prise de conscience : je dois avoir une activité sportive. Et je décide donc, du jour au lendemain, de commencer à courir.
Et pour me donner de la motivation, et c’est là que s’exprime ma radicalité, je décide de m’inscrire à un marathon qui a lieu 10 mois plus tard.
À aucun moment je ne me dis que je vais peut-être me fixer des objectifs plus accessibles : je me fixe d’emblée des objectifs que même des coureurs aguerris hésitent à se donner.
4 ans après, quand je fais le bilan, je suis tiraillé entre deux manières de voir les choses.
Le côté positif, c’est que j’ai tenu mes objectifs.
J’ai couru, bien entendu, mon marathon. J’ai couru des trails avec des dénivelés de fou, et même des ultra-trails.
Par contre, ma préparation à ces courses a été dramatique, complètement en dépit du bon sens.
Je ne compte pas les périodes où j’ai été blessé, les séances chez le kiné, etc. Et ça, paradoxalement, c’est justement parce que j’ai voulu brûler les étapes en me donnant des objectifs complètement fous.
Est-ce que j’aurais pu faire autrement ? C’est-à-dire me fixer des objectifs ambitieux mais en restant respectueux de ma progression ?
Et donc, est-ce que j’aurais tout simplement pu éviter de me blesser aussi souvent ?
Et bien oui ! Et pour ça, il aurait fallu m’appliquer la méthode que j’applique désormais aujourd’hui, pour le sport comme dans d’autres domaines, par exemple pour Les Chemins de la Frugalité : la méthode des petits pas.
La méthode des petits pas : qu’est-ce que c’est exactement ?
En fait, c’est une méthode toute simple à comprendre et à mettre en œuvre.
L’idée, c’est de parvenir à se fixer des objectifs intermédiaires, des points d’étape en quelque-sorte, entre le moment où vous vous lancez et votre objectif final.
Par exemple, si je reprends mon exemple du marathon, ces objectifs intermédiaires auraient pu être :
- Arriver à courir 5 kilomètres
- Renforcer mes jambes et mes tendons
- Arriver à courir 10 kilomètres
- Avoir une alimentation plus saine
- Arriver à courir 15 kilomètres
- Arriver à m’entrainer 4 fois par semaine
- Etc.
Une fois ces objectifs intermédiaires posés, reste à leur donner des échéances. À quelle date est-ce que je pense être capable d’atteindre cette étape ?
Fixer des échéances oblige, en dépit des objectifs qu’on se fixe, à être réalistes : d’un coup, on commence à travailler l’objectif de rêve qu’on se fixe en profondeur. On commence à CONSTRUIRE l’objectif.
C’est certainement l’étape la plus importante, car c’est elle qui va nous permettre de vraiment donner une échéance raisonnable à l’objectif final.
Si j’avais appliqué cette méthode à l’époque, j’aurais certainement reculé d’un an mon échéance du marathon, ce qui m’aurait évité un grand nombre de blessures ! Et ce qui m’aurait permis de progresser beaucoup plus vite.
Car entre ces points d’étapes, on continue à se fixer des objectifs, jusqu’à une granularité au jour : quel objectif je vais me donner aujourd’hui ?
Ainsi, avec cette méthode des petits pas, atteindre son objectif n’est plus une entreprise complètement anarchique : chaque jour fait sens et est un pas vers l’objectif final.
Et bien entendu, chaque jour peut et doit être célébré, simplement parce qu’on a fait un pas de plus vers son objectif.
Les effets bénéfiques de la méthode des petits pas
Le premier effet bénéfique de cette méthode, c’est qu’il m’a permis de rationaliser la manière d’atteindre mes objectifs en me focalisant uniquement sur l’essentiel.
Je sais sur quoi mobiliser mon énergie parce que je sais quel est mon objectif aujourd’hui, dans 10 jours, dans 6 mois, ou encore un an.
Cela me permet aussi de donner beaucoup de sens à certaines actions qui, vues seules, n’ont a priori aucun impact.
Par exemple, quand je fais des étirements un jour, je vis juste une séance pas très drôle que, si j’en ai la possibilité, je pourrais allègrement éviter.
Par contre, je sais que mes étirements cumulés chaque jour me permettront d’atteindre mon objectif de renforcement tendineux et musculaire.
Le deuxième effet bénéfique, c’est que le fait d’atteindre chaque jour un objectif concret dans le but d’atteindre un objectif de rêve, et de le célébrer, et bien ça me fait énormément de bien.
Ça m’a notamment permis, notamment dans l’année qui vient de s’écouler durant laquelle mon estime de moi a été particulièrement mise à mal, de retrouver de la confiance en ma capacité d’entreprendre un projet.
Le troisième effet bénéfique, c’est que je ne brûle plus les étapes : même si je le savais, expérimenter qu’un objectif se construisait dans le temps a été pour moi un grand enseignement. Et c’est clair que désormais, je ne vois plus du tout de la même manière les projets dans lesquels je me lance.
Comment j’applique cette méthode pour Les Chemins de la frugalité ?
Auparavant, en démarrant un projet comme Les Chemins de la Frugalité, j’aurais agi n’importe comment, quitte à m’épuiser et donc à me blesser.
Or, la frugalité signifie aussi, selon moi, et même avant toute chose, prendre soin de soi en sortant de cette frénésie à laquelle notre société nous enjoint en permanence.
Je me suis donc posé cette question toute simple : quel objectif es-tu capable de te fixer, chaque jour, et que tu es certain de pouvoir tenir sans empiéter sur tes autres obligations ?
Je me suis alors dit que cette action, c’était d’écrire, chaque jour, un article de blog. Article de blog qui pourrait être transformé en épisode d’un podcast.
Pourquoi le podcast ?
Parce que la vidéo aurait nécessité, pour commencer, un temps beaucoup trop important d’apprentissage.
De même pour la communication sur les réseaux sociaux : j’ai décidé de supprimer mon compte TikTok, puisque ce réseau social ne correspond pas à mes valeurs, et mon compte Pinterest, qui ne me sert à rien à ce jour.
Et j’envisage également de clôturer mon compte Instagram, pour la simple et bonne raison que je n’aime pas ce réseau.
J’ai donc décidé de me focaliser sur ma page Facebook et mon compte LinkedIn.
Et bien entendu, d’alimenter ma chaîne YouTube.
Pour autant, vous vous posez certainement la question de savoir quel est mon fameux objectif de rêve ?
Et bien en fait, je n’en ai pas encore. Même si des pistes pour ce projet commencent à se révéler, il est encore trop jeune pour avoir des certitudes.
Je me suis donc fixé un objectif clair et mesurable à un an : publier chaque jour pendant toute l’année un épisode de podcast.
Pour le moment, je suis plutôt super fier ! J’y ai réussi. La preuve, cet épisode est le numéro 61 !
Est-ce que tous les épisodes étaient parfaits ? Non, loin de là. Mais j’ai tenu, chaque jour, mon objectif.
Et paradoxalement, je me suis amélioré.
Mes épisodes aujourd’hui sont de meilleure qualité, et surtout, je commence à trouver ma voix. Et ça, c’est quelque chose de génial.
Parce qu’au-delà d’être un podcast sur la frugalité, ce podcast devient progressivement celui de mon propre parcours vers une vie plus frugale.
Je pourrais parler pendant des heures de cette méthode des petits pas tant elle paraît féconde, et dans mon prochain épisode, je vous expliquerai comment l’appliquer à votre propre parcours vers la frugalité.
Mais en attendant, gardez juste à l’esprit ces mots aussi justes qu’ils sont connus de La Fontaine “Rien ne sert de courir, il faut partir à point”.