L’Entrepreneuriat frugal (5/7) : Moins dépenser pour mieux investir

comment économiser pour mieux investir


Vous savez quoi ? Je fais partie de ces personnes résolument optimistes. 

Attention, ça ne signifie absolument pas que je suis quelqu’un de naïf, loin de là ! J’ai au contraire une conscience aiguë des défis sociétaux et environnementaux auxquels nous sommes confrontés. 

Par contre, j’ai une conviction : nous pouvons encore réagir. 

Et je suis intimement convaincu que les solutions peuvent venir en partie de la créativité des entrepreneurs. 

Alors bien entendu, lorsque je parle des entrepreneurs, je ne veux pas dire TOUS les entrepreneurs. Beaucoup ont un impact mortifère et réorienter leurs modèles économiques relève littéralement de l’urgence absolue. 

Par contre, de plus en plus d’entrepreneurs se lancent avec une conscience écologique et sociétale aigüe. Pour eux, pas question de transiger entre impact et rentabilité. L’impact passe avant toutes choses. 

Ces entrepreneurs, ce sont vraiment ceux qui ont besoin d’être aidés. Ce ne sont peut-être pas les plus médiatisés, mais ils contribuent au quotidien à changer le monde. 

Or, ces entreprises sont confrontées, comme les autres, à un défi de taille. Mais un défi pour lesquelles elles disposent, en proportion, de beaucoup moins de moyens. 

Elles doivent être en capacité d’investir pour pouvoir se développer, dans un contexte où il est de plus en plus complexe de trouver des financements. 

Une des clés pour parvenir à assurer malgré tout ces investissements, c’est de réaliser des économies qui permettront à l’entreprise de préserver sa trésorerie. 

Dans cette épisode, je vais vous parler de cette approche frugale qui consiste à dépenser peu pour paradoxalement investir plus. 

Et vous verrez que cette approche, loin de se limiter aux seules entreprises à impact, serait aisément transposable à toutes les entreprises ! 

Pourquoi moins dépenser pour mieux investir ? 

En fait, la différence entre une dépense et un investissement est loin, très loin d’être une simple question de mots. 

Une dépense, c’est une somme d’argent dépensée pour assurer le fonctionnement quotidien et régulier de l’organisation. Par exemple, le coût des locaux, l’énergie, internet, ou encore le matériel courant. 

Un investissement, lui, est une dépense sur laquelle on attend un retour, le fameux ROI ou Retour sur Investissement. Cette somme engagée va donc permettre de développer l’entreprise et d’assurer sa pérennité. Parmi ces investissements, on peut placer le coût de la recherche, l’achat de machines liées à la production, ou encore les ressources humaines qui, on l’oublie souvent, constituent un investissement sur l’avenir d’une entreprise. 

Or, dans un contexte où les ressources sont raréfiées, la capacité d’investissement d’une entreprise en mal de financements externes dépend très fortement de sa capacité à réaliser des économies. Et ce sont ses dépenses qui, nécessairement, doivent être réduites. 

Comment parvenir à réduire les dépenses de l’entreprise ? 

Savez-vous quel est le premier poste de dépenses d’une entreprise ? 

Ses locaux. 

Comme je vous le disais dans l’épisode 33 de ce podcast, je me suis littéralement ruiné, dans mes différentes expériences entrepreneuriales, avec des locaux dont j’aurais tout à fait pu me passer. 

La bonne question à se poser, c’est : est-ce que mes locaux sont indissociables de ma capacité de production ? Autrement dit, est-ce qu’ils sont nécessaires au fonctionnement de mon entreprise ? 

Un excellent moyen de parvenir à réaliser des économies sur ses locaux, c’est par exemple de favoriser le télétravail si vous avez des collaborateurs, ou encore de prendre des locaux plus petits et donc moins cher. 

Si vous êtes seul et que vous avez une toute petite entreprise, essayez de travailler à partir de votre domicile dans la mesure du possible. 

Par contre, si votre activité est un commerce, ou encore un restaurant, votre local n’est pas une dépense mais un investissement. Pas question dans ce cas d’économiser ! 

Un autre exemple de poste sur lequel il est possible de réaliser des économies : la multitude d’outils que nous utilisons au quotidien pour être soi-disant plus efficaces, mais qui au final ne font qu’engendrer des coûts alors que des alternatives gratuites existent. 

Je pense ici aux logiciels, pour lesquels il existe bien souvent des alternatives libres et gratuites. 

De même, une distribution Linux peut en quelques minutes redonner une deuxième jeunesse à un ordinateur fatigué. Pour l’anecdote, j’ai travaillé à une époque dans un réseau de magasin où tous les vendeurs bossaient avec le distribution Debian (qui est loin d’être une des plus simples pourtant) et ça fonctionnait parfaitement. 

Vous allez me dire que ce sont des bouts de chandelle ? 

Pour ma seule petite entreprise, faire ce travail de fond m’avait permis, à l’époque, d’économiser plus de 500 € par mois, ce qui est loin d’être négligeable. 

Et vous n’imaginez pas le coût des licences Microsoft dans de très nombreuses organisations. 

Bien entendu, ce ne sont que des exemples. Ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est que traquer le gaspillage doit être votre principale priorité pour renforcer votre capacité d’investissement. 

Maintenant qu’on a fait plein d’économies, comment investir ? 

C’est très simple : il faut revenir à vos objectifs. 

Pendant très longtemps, j’ai pensé que l’exercice qui consistait à réaliser un business plan était ridicule. 

Il faut dire que les exemples que j’avais sous les yeux relevaient plus de l’apprenti-sorcier, y compris dans des entreprises sérieuses. 

Puis, j’ai découvert ce que signifiait réellement un business plan, découverte que je pourrais résumer ainsi : comment se donner les moyens de nos ambitions. 

C’est pour cette raison que la première étape consiste à être très clair avec ses objectifs, même pour une toute petite entreprise. 

Quels sont mes objectifs à 3 ans, par exemple ? Et une fois que j’ai posé ces objectifs, comment se construisent-ils au fil des mois et des années ? 

Quels vont être mes besoins en équipement, mais aussi en ressources humaines pour y parvenir ? 

Et enfin, quels seront les critères qui me permettront de valider que je suis, à chaque étape, sur la bonne voie (au-delà du seul chiffre d’affaires), ou au contraire que je dois réorienter ma stratégie ? 

Bref, définir vos besoins en investissements ne relève pas du tout de la médiumnité comme on peut le voir dans trop d’entreprises. Pire, j’ai même vu des personnes travailler leur business plan en fonction de ce qu’avait envie d’entendre leur banque, ou encore leurs investisseurs. 

C’est au contraire un exercice passionnant qui permet d’anticiper en profondeur le pilotage opérationnel de son entreprise. À condition, je me répète, d’avoir très clairement défini ses objectifs. 

 

Je n’ai aucun doute qu’adopter une approche frugale risque de devenir la norme pour toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, si celles-ci veulent continuer à investir dans leurs missions. 

Voire même, au-delà de ces missions, investir dans leur impact ! C’est-à-dire développer une logique redistributive des bénéfices plutôt que de viser l’engraissement d’actionnaires, ou la rémunération d’un CODIR, et pourquoi pas s’investir dans de réelles actions sociétales ou environnementales. 

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