L’Entrepreneuriat frugal (6/7) : la méthode des 4R pour travailler l’impact écologique de votre entreprise

La méthode des 4R pour réduire son impact écologique


Entreprendre de manière frugale, ça ne signifie pas uniquement réduire au maximum ses coûts et innover en valorisant la créativité. 

Si l’entreprise n’introduit pas dans sa démarche une réflexion profonde et opérationnelle sur son impact écologique, il me semble vraiment difficile que celle-ci puisse avoir, de fait, un réel impact sociétal. 

Sauf que c’est une question que beaucoup d’entreprises préfèrent mettre sous le tapis. 

Ou pire, d’en transférer la responsabilité pour les plus grosses au service marketing et de la stratégie RSE de l’entreprise. 

Bref, dans la plupart des boîtes, les engagements écologiques se résument à du pipeau. 

Dans cet épisode, je voudrais donc vous expliquer une méthode très simple qui vous permettra, que ce soit au niveau individuel ou à l’échelle d’une entreprise, de commencer à construire une profonde réflexion écologique basée sur des actes, et non plus des paroles ou de grands concepts. 

Cette méthode s’appelle la Règle des 4R, une méthode qui vise à permettre d’adopter plus facilement un mode de vie écologique. Une méthode qui s’articule autour de 4 axes : 

  • Réparer
  • Réutiliser
  • Recycler
  • Réduire

Réparer

Je suis toujours surpris, dans les entreprises, par la propension à jeter, purement et simplement, ce qui ne fonctionne plus. 

Un ordinateur ne fonctionne plus ? Hop ! On le change, car on part du principe que c’est plus simple que de le réparer. 

Et bien entendu, il n’y a pas que le matériel informatique ! Cette tendance à jeter pour racheter un objet neuf est une tendance profonde, dans nos vies comme dans les entreprises, contre lesquelles nous devons lutter en priorité. 

Et qui commence au moment où nous achetons notre matériel ! 

Même s’il n’est pas affiché systématiquement, chaque produit possède ce qu’on appelle un indice de réparabilité. 

Il s’agit d’une note de 1 à 10 : plus la note est élevée, plus l’objet sera réparable et moins son achat aura un impact écologique. 

Prenons l’exemple des téléphones mobiles, qui sont clairement les champions de la non réparabilité. 

Pourquoi ? 

Parce que l’intérêt des marques est que vous achetiez la toute dernière version de leur appareil, quitte à vous débarrasser d’un appareil encore largement fonctionnel. 

Acheter un téléphone à la pomme, si on ne prend que celui-ci, c’est la garantie pour vous d’acheter un téléphone que vous aurez beaucoup de difficultés à faire réparer. L’indice de réparabilité de l’iPhone 14 par exemple, selon le site iFixit, est de 7/10, ce qui est médiocre pour un produit à ce prix. 

C’est certes un très bel objet, mais à l’impact écologique catastrophique. 

Heureusement, de nombreuses marques émergent qui mettent en avant leur réparabilité, comme par exemple la marque FairPhone qui a une note de 9,3/10. 

De même, pour votre matériel informatique, pourquoi ne pas donner une seconde vie à vos appareils en les passant sous Linux ? En effet, beaucoup d’ordinateurs se retrouvent, au bout de quelques années, à ramer non pas parce qu’ils seraient cassés, mais parce qu’ils ne parviennent plus à faire tourner les dernières mises à jour. 

En passant votre ordinateur sous Linux, vous allez lui donner une nouvelle jeunesse et prolonger sa durée de vie de plusieurs années. 

Réutiliser

Et ici, les champions de la non-réutilisation dans les entreprises, ce sont les services marketing et communication que je prendrai comme exemple pour illustrer ce point. 

Parce que ces services sont les rois du gaspillage. 

Parce qu’ils produisent des supports, des contenus, qui en général ne seront utilisés… qu’une seule fois ! 

Il y a les supports physiques, bien entendu, qui sont les plus évidents, comme par exemple les supports publicitaires, les habillages de stands sur les salons, etc. 

Or, tous ces supports consomment des ressources importantes pour être fabriqués : plastique, carton, peinture, etc. Bref, en ne les réutilisant pas, c’est-à-dire en ne les pensant pas dès leur conception comme réutilisables, on agit comme si on vivait dans un monde aux ressources illimitées. 

Mais il existe aussi des gaspillages beaucoup plus insidieux parce qu’on a l’impression qu’ils ne portent pas à conséquences. 

Il s’agit de tous les contenus digitaux parce qu’on a l’impression que ces contenus ne peuvent pas avoir d’impact puisqu’ils ne sont pas matériels. 

Pourtant, ils sont bel et bien matériels, même si cette matérialité n’est pas palpable : ils sont stockés sur des serveurs qui consomment des ressources naturelles, ils transitent par des câbles qui jonchent le fond des mers, et même à la simple échelle de l’entreprise, ils nécessitent des ressources importantes pour être produits. 

Recycler

Parce qu’une entreprise, quelle que soit sa taille, consomme des ressources, elle produit obligatoirement des déchets. 

Même si elle est hyper vigilante à en produire le moins possible. 

Intégrer le recyclage dans le fonctionnement de son entreprise est un excellent moyen de réduire nos déchets, parce qu’en définitive, qu’est-ce qu’un déchet sinon une matière première potentielle qui n’a pas été valorisée ? 

Je vous donne un exemple. 

On peut par exemple fabriquer d’excellents savons ménagers à partir d’huile de friture recyclée. 

Même s’il existe aujourd’hui quelques filières de recyclage autour de l’huile de friture des restaurants, elles restent marginales et, très souvent, cette huile est tout simplement jetée avec toutes les conséquences écologiques qui vont avec. 

Or, le recyclage de cette huile sous forme de savon est un très bon moyen de créer un nouveau produit à partir de ces déchets, et de favoriser une vraie prise de conscience au sein des entreprises. 

En gros, ce qui pour moi est un déchet peut être pour quelqu’un d’autre une ressource précieuse. 

Réduire

C’est-à-dire entrer dans une réelle logique de réduction de consommation des ressources.

Et ici, la pédagogie est importante car cette réduction des ressources passe par des changements d’habitudes profonds. 

Même à l’échelle d’une petite entreprise, on peut mettre en place des actions très simples : 

On peut par exemple : 

  • Réduire ses déplacements
  • Acheter moins de matériel, mais de meilleure qualité et plus durable, c’est à dire plus réparable
  • Réduire sa production de contenu digital, notamment sur les réseaux sociaux, et adopter des stratégies plus durables

Et ce ne sont que quelques exemples ! Il existe plein de moyens de faire mieux, c’est-à-dire de réduire de manière importante, notre impact. Et cette règle des 4R vous permettra, à l’échelle de votre organisation, de mieux cerner les actions à entreprendre et donc de créer votre feuille de route plus facilement. 

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