Oui, vous avez bien entendu, on va aujourd’hui cuisiner des déchets, c’est-à-dire des aliments qui auraient dû être destinés à partir à la poubelle !
Mais si on réfléchit bien… Les mettre à la poubelle était-il vraiment justifié ?
En France, selon les Ministères Écologie, Énergie, Territoires, il faut savoir que le gaspillage alimentaire représente la bagatelle de 10 millions de tonnes de produits par an, soit une valeur commerciale de ces produits de près de 16 milliards d’euros !
C’est comme si, collectivement, nous balancions tous chaque année 16 milliards d’euros à la poubelle, je vous laisse apprécier…
Et ces 10 millions de tonnes se répartissent ainsi :
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- 32% lors de la phase de production, c’est à dire lors de la culture ou de l’élevage
- 21% lors de la phase de transformation, typiquement, au moment de l’emballage, ou lors de la fabrication d’aliments transformés
- 14% en phase de distribution, c’est à dire les invendus de vos magasins préférés
- 33% en phase de consommation, c’est-à-dire tout ce que nous achetons en trop et qui finit dans la benne à ordures.
C’est tout simplement ABERRANT.
Surtout à notre époque d’inflation galopante où les prix s’envolent, et où de nombreuses personnes ont de plus en plus de difficultés à boucler leurs fins de mois.
Et je ne vous parle même pas du gaspillage alimentaire à l’échelle du monde qui suffirait, à lui seul, à nourrir à sa faim la totalité de la planète puisque 14% des aliments produits sont perdus entre la production et la vente, et que 17% des aliments produits vendus finissent purement et simplement à la poubelle, soit 31% de la production mondiale alimentaire.
Une fois que nous avons fait le constat que nous marchons sur la tête, que pouvons-nous faire à notre modeste échelle ?
C’est bien simple : nous pouvons décider de limiter nos déchets. Et un excellent moyen de les limiter, c’est d’apprendre à les cuisiner !
Dans cet article, nous allons essayer de regarder le contenu de notre poubelle autrement. Nous allons essayer de regarder notre poubelle comme une source de gourmandise. Et même si ça peut vous sembler saugrenu, je peux vous garantir que vous allez adorer ça !
C’est quoi, pour commencer, un déchet alimentaire ?
Un déchet alimentaire, c’est un aliment qui finit à la poubelle plutôt que dans votre assiette.
Point.
Alors bien entendu, certains aliments qui finissent, tous les jours, à la poubelle, “méritaient” de s’y retrouver parce qu’ils étaient devenus impropres à la consommation.
Mais cela nous pose quand même plusieurs questions :
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- Ces aliments avaient-ils besoin d’être produits en aussi grandes quantités ? Avoir des rayons bien remplis, c’est super joli, mais à quoi ça sert quand on ne parvient pas à écouler cette marchandise ?
- Ces aliments avaient-ils vraiment besoin d’être achetés en aussi grande quantité ? Et là, c’est de notre responsabilité qu’il s’agit. Pourquoi acheter plus que nous ne sommes capables de consommer ? Parce que ça nous rassure ? Parce que nous en avons les “moyens” ? Parce que nous ne savons pas gérer notre panier de courses ?
- Ces aliments n’étaient-ils réellement plus consommables ? Devons-nous réellement nous fier à toutes ces Dates Limites de Consommation (DLC) ou encore Dates de Durabilité Minimale (DDM) ?
Clairement, pour une grande partie de ces aliments, nous pouvions faire autrement. Et envisager notre panier de courses autrement nous permettrait réellement de redresser la barre et de limiter fortement notre gaspillage.
C’est bien entendu un enjeu sociétal fort, mais c’est aussi un enjeu économique puisque cet effort vous permettra de réaliser de très très belles économies.
Et si on commençait par éviter de générer des déchets ?
Une des premières choses que nous pouvons faire, avant d’apprendre à cuisiner nos déchets (je vous garantis que nous allons entrer dans le vif du sujet même si j’ai la conviction d’y être), c’est de commencer par éviter de générer ces déchets à notre échelle !
Ça peut sembler le B.A. BA, mais ça commence par faire votre liste de courses et par vous y tenir. Faire sa liste de courses, c’est la garantie d’acheter ce dont vous avez besoin sans vous laisser tenter par des produits que vous allez acheter sur un coup de tête. Personnellement, je vais très rarement dans les grandes surfaces. je privilégie des magasins de proximité ou le choix est plus limité ce qui me fait acheter uniquement ce dont j’ai besoin tout en faisant travailler de petits commerçants.
Je vous invite à privilégier l’achat en vrac qui permet d’acheter la juste quantité dont on a besoin. C’est une excellente manière d’éviter d’acheter en trop grosse quantité. Et lorsque vous n’avez pas le choix, pourquoi ne pas partager l’achat avec votre voisin ou avec un ami ? Je peux vous garantir que cette démarche, loin d’être ridicule, crée énormément de liens.
De nombreux produits peuvent être congelés avant leur date de péremption, par exemple la viande, le poisson, la charcuterie, mais aussi les fruits, les légumes, les herbes, bref, c’est un bon moyen d’éviter le gaspillage !
Enfin, même si on pourrait trouver encore plein de stratégies, n’oubliez pas que vous pouvez consommer la plupart des produits plusieurs jours après la fin de leur date de péremption ! Les yaourts, par exemple, sont consommables jusqu’à plusieurs semaines après sans aucun risque. Seuls le poisson et la viande peuvent présenter des risques pour votre santé, d’où la nécessité d’acheter uniquement ce dont vous avez besoin.
Saviez-vous que certains produits ne deviendront jamais des déchets alimentaires ?
C’est fou, mais c’est une terrible réalité : on appose des dates de péremption sur des produits qui ne se périment JAMAIS.
Quels sont ces produits ?
- Toutes les céréales, sans exception, tant qu’elles sont sèches
- Les pâtes
- Les conserves
- Le sel
- Les huiles
- Etc.
Bref, lorsque vous jetez un de ces produits parce que la date est “dépassée”, sachez que vous auriez pu parfaitement le consommer, même jusqu’à plusieurs années après ! Certains pourraient perdre leurs qualités gustatives, comme les huiles, mais celles-ci restent parfaitement consommables. Et avant de les jeter, n’oubliez pas que vous pouvez aussi les recycler, par exemple en fabriquant avec du savon !
Ou si on décidait de ne consommer QUE des déchets alimentaires ?
A contrario, vous pourriez aussi tout à fait décider de ne consommer QUE des déchets alimentaires, et vous allez voir qu’en faisant cela, vous vous alimenterez aussi bien qu’auparavant, pour beaucoup moins cher.
Arrêtez d’éplucher vos fruits et vos légumes ! Les épluchures sont tout à fait consommables. En achetant des fruits et légumes biologiques, vous pourrez manger la peau de vos fruits et légumes sans aucun risque.
Sur les marchés, de nombreux maraîchers proposent des bassines de fruits ou légumes “abîmés” pour un prix ridicule afin d’éviter qu’ils soient jetés. Consommés ou cuisinés rapidement, vous n’imaginez pas les économies que vous allez réaliser !
Vous pouvez aussi vous rapprocher des producteurs locaux, qui de plus en plus commercialisent les produits qui auraient normalement dû finir à la poubelle, car ne correspondant pas aux standards de l’industrie agro-alimentaire. Là aussi, vous consommerez des produits ultra frais pour beaucoup moins cher.
Dans les grandes surfaces, on trouve régulièrement une armoire avec des produits en fin de vie, généralement des produits frais (fromage, produits traiteur, etc.), de la viande ou du poisson.
Enfin, il existe des applications qui proposent d’acheter des paniers alimentaires d’invendus chez les commerçants autour de vous. Certes, vous ne choisirez pas le contenu de votre panier, mais le prix très bas est vraiment intéressant. Les deux applications les plus intéressantes : Too Good To Go et Phenix.
8 idées astucieuses pour bien cuisiner des déchets alimentaires
Néanmoins, s’il vous reste des déchets, il existe plein de moyens de les valoriser en les cuisinant !
Voici 8 idées très simples (il en existe encore plein d’autres !) pour valoriser vos déchets alimentaires en créant des plats délicieux.
Les chips d’ épluchures
Si vraiment vous ne supportez pas de manger la peau de vos fruits ou légumes, et que vous voulez à tout prix les éplucher, réaliser des chips avec ces épluchures est une excellente solution !
Pour cela, rincez bien vos épluchures (carottes, pommes de terre, betteraves, pomme, etc.), séchez-les, puis dans un saladier ajoutez de l’huile d’olive, du sel et du poivre. Mélangez avec vos mains jusqu’à ce que chaque épluchure soit bien recouverte d’huile, mettez-les sur une plaque de cuisson, puis placez-les au four à 150°C jusqu’à ce qu’elles soient cuites et croquantes.
Vous pouvez aussi les mettre au déshydrateur si vous en avez un, dans ce cas inutile d’ajouter de l’huile et assaisonnez après déshydratation.
Les purées et les soupes
Une autre manière d’utiliser vos déchets alimentaires : les purées et les soupes.
Vous pouvez y mettre vos épluchures, bien entendu, mais aussi le vert des poireaux, ou encore les fanes de certains légumes comme les carottes, les navets, les radis ou même les fanes de betteraves.
Vous pouvez également ajouter dans votre soupe le vert et le trognon du chou-fleur, les tiges de brocoli, bref, la soupe est un excellent moyen de valoriser quasiment tous vos déchets végétaux. Par exemple, je n’hésite pas à ajouter les épluchures de pommes, de poires, etc. même dans une soupe salée ! Essayez, vous m’en direz des nouvelles.
Vous pouvez aussi, si vous consommez de la viande et qu’il vous reste une carcasse de poulet, ou encore de la viande qui n’aurait pas été consommée, l’ajouter dans votre soupe. C’est un bon moyen de les valoriser.
Enfin, j’ai pris l’habitude, s’il me reste un fond de pâtes ou de riz, de l’ajouter au dernier moment dans ma soupe, juste avant de servir. Et c’est tellement bon que je le fais quasi systématiquement désormais !
Les gratins
Les gratins sont un excellent moyen de ne pas gaspiller vos restes alimentaires.
Un reste de viande vous permettra de faire un délicieux hachis parmentier.
Un reste de pâtes, de riz ou de pommes de terre, ou encore de légumes, peut tout à fait être ajouté dans votre gratin !
Le gratin, c’est vraiment le plat qui permet d’écouler facilement pratiquement tous les restes de votre semaine, et c’est toujours délicieux.
Les poêlées
J’aime faire des poêlées dès qu’il me reste des pâtes, du riz, ou des pommes de terre. Je fais simplement revenir un oignon avec un peu d’ail, j’ajoute mon reste de féculents, puis j’ajoute des légumes frais avant d’assaisonner.
Résultat garanti, et les variantes sont quasiment infinies !
Les pestos et les sauces
Un excellent moyen d’utiliser les fanes des légumes racines, comme les fanes de carottes, de radis, de navets ou encore de betteraves (malheureusement trop méconnues).
Il vous suffit de les placer dans un mortier ou un blender, avec des pignons de pins, mais aussi des graines de tournesol, des noix, des noisettes, etc. que vous aurez préalablement toastées dans une poêle chaude sans matière grasse.
Ajoutez de l’huile d’olive, du parmesan râpé, ou si vous êtes vegan de la levure maltée et mixez ! (ou écrasez si vous utilisez votre mortier).
Vous obtiendrez des pestos délicieux, très économiques, et surtout vraiment originaux !
Les confitures
Un excellent moyen de passer une grande quantité de fruits trop mûrs, c’est de les transformer en confiture. Personnellement, en été, j’aime aller chez les producteurs ou encore sur les marchés pour acheter des fruits en grande quantité et préparer mes confitures pour toute l’année.
Pour rappel, le ratio pour une confiture pas trop sucrée et qui se conservera bien dans le temps est de 600 à 800 grammes de sucre pour 1 kilo de fruits.
Les tartes sucrées et salées
De même, si vous avez des fruits ou des légumes qui commencent à s’abîmer, transformez-les en tartes sucrées ou salées. Et ce qui est vraiment très cool, c’est qu’on peut à mon avis faire des tartes avec à peu près tous les fruits et légumes imaginables.
Par exemple, ma quiche au chou-fleur et au curry, dont je vous donnerai un jour prochain la recette, est une vraie tuerie ! Et c’est un plat complet parfait servi avec une salade verte ou une salade d’endives.
Les pâtisseries
Les pâtisseries sont d’excellents moyens de cuisiner les déchets alimentaires, même les plus surprenants !
Par exemple, plutôt que de jeter l’eau de cuisson des pois-chiches qu’on appelle l’aquafaba, vous pouvez les battre et obtenir des blanc en neige absolument bluffants. C’est un excellent moyen d’obtenir de fabriquer par exemple des meringues, ou une mousse au chocolat 100% végétales.
De même, les restes de pain, ou encore des viennoiseries rassies peuvent être utilisés dans des gâteaux absolument délicieux. Un peu de lait ou de lait végétal, un ou deux œufs ou de la compote pour une version vegan, et hop ! Vous donnerez à ces aliments une nouvelle vie.
Apprendre à cuisiner ses déchets alimentaires et plus globalement apprendre à les limiter, c’est aujourd’hui un enjeu à la fois sociétal, économique et surtout écologique. N’oublions jamais que nous avons un pouvoir : celui de pouvoir choisir ce que nous consommons et comment nous le consommons. À nous de l’exercer en conscience.